Deux semaines dans une ferme laitière en Suisse
Étape finale de cette année de césure : un volontariat wwoff dans une ferme laitière en Suisse, et plus précisément dans la ville de Delémont, dans le canton du Jura. Cette ferme laitière, c’est celle de Céline, une femme formidable qui gère un domaine d’une cinquantaine de vaches. Son père vient régulièrement lui porter main forte, et elle accueille aussi un ouvrier et des volontaires.
Céline, c’est une personne qui adore partager ses connaissances, et qui aime passer du temps à discuter et partager ses expériences de vie. Ainsi, mon séjour dans cette ferme aura été très formateur quant à la gestion du bétail et la production de lait bio à destination d’une fromagerie.
Pour ma première journée au sein de la ferme, j’ai rapidement été plongée dans le bain en me levant à 5h pour la traite matinale. Ce jour-là, la traite se faisait dans les pâtures. J’ai donc pu assister à un magnifique lever de soleil sur les montagnes du Jura Suisse, avec en premier plan les vaches qui attendaient une à une pour se faire traire.
En été, la traite peut être un peu sportive, car il faut ramener les 21 vaches laitières des pâtures jusqu’au lieu de traite, sur un terrain en pente, et ce, deux fois par jour.
Comment se passe la traite des vaches en été ?
En été, la traite se fait en extérieur et en intérieur, suivant les pâtures dans lesquelles sont placées les vaches. Elles changent de pâture environ toutes les deux semaines.
Les vaches sont traites deux fois par jour, une fois le matin (démarrage à 5:15) et une fois le soir (démarrage à 16:15).
Étape 1 : Faire descendre les vaches des pâtures et les ramener dans la pièce située avant la salle de traite. Pour se faire : se munir d’un long bâton, de bottes en caoutchouc et d’énergie dans la voix.
Étape 2 : Fermer les portails pour que les vaches ne ressortent pas
Étape 3 : préparer les granules et les minéraux que pourront manger les vaches une fois qu’elles seront sorties de la salle de traite, et ouvrir les loquets pour les 6 premières vaches qui auront été traitées
Étape 4 : Aller dans la salle de traite et faire entrer les six premières vaches pour les traire. Avant de mettre l’appareil de traite sur les crayons de chacune des vaches, il est nécessaire de nettoyer les pis de la vache pour qu’il n’y ait pas de bactéries et saletés qui aillent dans le lait. Pour ce faire, il faut prendre de la laine de bois et un produit spécial et bien appuyer et entourer chacune des pis. En les nettoyant, il est nécessaire de faire sortir un premier jet de lait avant de mettre l’appareil. Une fois cette étape réalisée, l’appareil de traite peut être relié aux quatre pis de la vache et c’est parti !
Étape 5 : Faire sortir les six vaches de la zone de traite et en faire rentrer six autres. En tout la ferme possède 21 vaches laitières. Nombre qui varie en fonction des naissances chez les génisses (femelles qui n’ont pas encore vêlé).
Étape 6 : Après avoir trait les vaches, il est temps de nettoyer la salle de traite de fond en comble pour que tout soit prêt pour la prochaine traite. L’intérieur de l’appareil qui pompe le lait des vaches est nettoyé automatiquement, mais il est nécessaire de nettoyer tout le reste.
Étape 7 : Certaines vaches produisent du lait avec une trop forte concentration en cellules, ce lait va donc aux veaux. Nous le chauffons à 40°c avec de leur donner. Les plus jeunes boivent le lait dans un récipient spécial avec une tétine.
Étape 8 : la dernière étape de la traite consiste à apporter le lait à la fromagerie qui se situe à une vingtaine de minutes.
En dehors de la traite, il est nécessaire de s’assurer que le bétail a accès à la nourriture nécessaire et donc qu’il y a encore de l’herbe dans la parcelle dans laquelle les vaches se trouvent. Si ce n’est pas le cas, il est nécessaire de modifier les clôtures pour agrandir la parcelle, ou encore de changer le troupeau de lieu, en attendant que l’herbe se renouvelle.
Mon activité préférée à la ferme a été de bouger le bétail d’un lieu à un autre. Comme je l’avais déjà fait avec la transhumance des vaches en Autriche au mois de mai.
Pour nous accompagner et nous aider dans toutes les activités journalières, nous pouvions compter sur Gaia, un Bouvier d’Appenzell de 6 ans qui connaît parfaitement son rôle au sein de la ferme et aide par exemple à bouger les vaches d’un lieu à un autre en leur aboyant dessus.
Lors de mon séjour à la ferme, j’ai été rejointe par deux autres volontaires, qui allaient rester un peu moins d’une semaine. Deux franco-suisses qui étudient à Lausanne. Durant la semaine où elles étaient présentes, nous avons fait la préparation de la saison d’hiver en coupant plusieurs tonnes (littéralement) de bois, accompagnées par le père de Céline. De la vieille école, il n’était absolument pas protégé pour utiliser sa vieille machine de coupe du bois, qui envoie des copeaux partout. Il s’est d’ailleurs entaillé la main pendant la coupe.
Malgré une météo qui a été majoritairement pluvieuse durant mon séjour dans cette ferme Suisse, nous avons quand même profité de quelques heures de soleil, et notamment d’un magnifique coucher de soleil sur la vallée. La ferme étant dans les hauteurs, le paysage était absolument magnifique.
Parmi les activités moins “fun” auxquelles j’ai pu assister : la venue du vétérinaire pour vérifier l’état des vaches laitières. Pour citer le vocabulaire utilisé : vérifier si elles sont “pleines” ou “vide”, ou encore si elles sont en chaleur. Pour ce faire, la technique est simple… il met son bras dans le derrière des 21 vaches laitières…
Fun Fact : Une vache en chaleur va essayer de monter sur une autre vache (comme un taureau le ferait).
En dehors des missions assez typiques d’une ferme, j’ai aussi pu aider Céline, la propriétaire du domaine, sur des tâches assez différentes : création de son CV et de sa lettre de motivation pour une possible reconversion. Fatiguée de devoir gérer cette ferme seule, elle envisageait de rompre le bail et de se reconvertir. Nous avons donc passé plusieurs après-midi à travailler dessus, et cela a payé, car elle a été prise.
Fun Fact n°2 : La ferme du Petit Brunchenal appartient à La Bourgeoisie, comme à l’époque. La famille de Céline loue depuis plus de 40 ans cette ferme aux Bourgeois. Elle ne possède donc pas légalement la ferme, qui est gérée et sous la propriété d’un comité de Bourgeoisie, qui existe depuis plusieurs siècles. Ce comité est bien sûr renouvelé, généralement avec les successeurs des familles de propriétaires. Une personne du comité vient chaque année visiter la ferme pour vérifier que tout se passe bien.
Lorsque Céline voudra quitter définitivement la ferme, elle devra donc rompre son bail avec ce comité de Bourgeoisie, qui devra trouver un nouveau “paysan” pour reprendre le domaine.
Ce terme de “paysan” se retrouve d’ailleurs dans le titre du diplôme qu’a dû valider Céline pour pouvoir gérer la ferme : le brevet de la paysanne. Ce diplôme contient d’ailleurs des modules obligatoires comme “Préparation des repas”, “Entretien du linge et de l’habitat” ou encore “Famille et société”. La Suisse, un pays en avance sur son temps.
Une journée à côté du lac des Quatre Cantons
Ayant eu un jour de repos sur mes deux semaines à la ferme, j’en ai profité pour prendre ma voiture et retourner du côté du Lac des Quatre Cantons (à trois heures de route vers l’est), endroit où je m’étais déjà rendu lors de mon roadtrip. Je suis partie le soir après la traite pour pouvoir assister au lever du soleil là-bas le lendemain matin. À proximité de la randonnée que je souhaitais faire, j’ai trouvé un camping familial sur les hauteurs des montagnes.
Réveil à 5h pour assister au lever du soleil…qui sera très bref, car malgré une météo qui annonçait plein soleil, les nuages ont vite encombré le ciel et la randonnée s’est faite sous un ciel gris. Cependant, les quelques minutes avant que le ciel ne soit encombré m’ont offert une vue absolument magnifique.
Ces deux semaines au sein de la ferme du Petit Brunchenal auront été très formatrices sur le métier de fermière dans le secteur laitier, et surtout du bio (qui change beaucoup de choses dans la manière de faire). Grâce à la patience de Céline, j’ai pu poser toutes les questions qui me passaient par la tête sur ce métier et y trouver des réponses.
C’est sur cette belle expérience que se termine cette incroyable année de césure, qui m’aura énormément appris.
Dernière expérience de cette année de césure : un séjour de deux semaines dans la ferme laitière du Petit Brunchenal, dans le canton du Jura, en Suisse.