3 semaines en refuge pour chiens en Crête

Juillet 2021, me voilà partie pour ma seconde expérience de volontariat, après 10 jours de roadtrip en Crête. Comme pour ma première expérience, je me retrouve dans un refuge pour chien. Bien que l’objectif de la structure soit le même, l’expérience et la manière de fonctionner étaient très différentes. 

Premièrement, sur place se trouve Nikos, le propriétaire et ses quelques 200 chiens, un cheval et une chèvre. Il habite dans un conteneur, alimenté en électricité par un panneau solaire. Le logement des volontaires est similaire, avec une surface un peu plus petite (probablement entre 12 et 14m2), qui comprend une cuisine, une salle de bain et 2 lits superposés (assez impressionnant de réussir à faire rentrer tout cela dans cette pièce). Notre logement comprend aussi un panneau solaire qui a probablement fonctionné moins de 1/4 du séjour. Heureusement, nous avions des batteries additionnelles pour nos téléphones, que nous pouvions charger au logement de Nikos. 

Ensuite, contrairement à mon expérience en refuge pour chien au Portugal, nous n’étions que 2 volontaires (au lieu de 12), pour 200 chiens, soit 3 personnes au total pour s’en occuper. Autant dire qu’il y avait beaucoup de travail. 

Pour mes deux premières semaines sur place, j’étais accompagné par Julien, un volontaire Français arrivé en même temps que moi. Pour ma dernière semaine, Julien est partie et Simon, un volontaire allemand a pris sa place. Celui-ci commençait un tour du monde à pied et en stop, pour lequel il prévoyait une durée de 5 ans (update : plus de un an après, il est désormais en Californie, et continue son aventure).

Le propriétaire, Nikos, était un ancien soldat qui a pris sa retraite et a décidé de dédier sa vie à secourir les chiens de Crête. Lorsqu’il a ouvert son refuge, il dormait sous la tente et n’avait ni électricité, ni eau potable. Petit à petit, il a réussi à faire évoluer son refuge. Les chiens affluent constamment et le refuge est donc “surbooké”, il doit donc créer de nouvelles cages à partir de morceaux de grillages. L’un des défis est aussi de trouver les fonds nécessaires pour nourrir tous les chiens, ou encore de trouver des familles pour les adopter.

J’ai été impressionnée par la personne qu’est Nikos, par sa gentillesse, sa générosité et son engagement pour les animaux. Il ne quitte jamais son refuge, par peur qu’il y ait un problème lorsqu’il s’absente et investit le peu d’argent qu’il peut avoir pour ses chiens, et les volontaires qui viennent l’aider. Il nous a aussi amplement montré toute la reconnaissance qu’il avait pour notre aide.

 

Notre journée typique de « travail » au refuge pour chiens se déroulait de la manière suivante : 

  • Nous nous levions vers 6h pour commencer à travailler avant que la chaleur ne soit trop forte (jusqu’à 40°c la journée). Nous prenions un encas, puis, après avoir enfilé nos vêtements de travail, nous partions chercher nos pelles et nos sacs poubelles pour commencer à ramasser les excréments des animaux. Après cela, nous changions l’eau de toutes les cages, puis nous avions fini. Cela nous prenait en moyenne plus de 3h (2 personnes pour 200 chiens).

  • Après notre première partie de matinée, nous allions prendre notre petit-déjeuner avant de faire une sieste, car, la nuit, les aboiements des chiens nous empêchaient de dormir.

  • Suivant les jours, sur notre temps libre, nous prenions la voiture de Nikos pour aller à la plage ou nous restions au refuge pour passer du temps à socialiser avec les chiens, les habituer au contact humain, ou encore leur apprendre des tours. Sur plus de 200 chiens au refuge, un seul était agressif, pour le reste nous pouvions les approcher très facilement et pour une grande partie, les caresser.

  • En fin de journée, vers 17h, commençait notre deuxième shift, avec comme principales missions de donner à manger aux 200 chiens (plus de 80kg de nourriture par jour), et de remplir leur eau. Cela nous prenait environ 2heures.

  • Après avoir fini notre journée, nous allions prendre une douche et nous préparer à manger (en général dans le noir, avec une petite lumière solaire pour nous éclairer). Ensuite, pour nous bercer avant de “dormir”, nous avions les doux aboiements de chiens.

Quelques anecdotes : 

  • Sans électricité, pas de frigo, nous avons donc mangé principalement des pâtes et des tomates pendant les trois semaines (avec une variante avec pesto, faritas).

  • Le soir, au moment du coucher du soleil, nous nous assurions tous les jours de ne plus avoir à sortir, car le début de la nuit pour nous, signifiait de le début de la journée pour les très très nombreux rats qui se nourrissent des excréments des chiens. Depuis la fenêtre de notre chambre, nous pouvions les voir passer sur la clôture qui était à un peu plus d’un mètre de celle-ci. Nous les entendions aussi courir sur le toit. L’aspect le plus gênant était qu’ils passaient entre les cages des chiens et les faisaient aboyer toute la nuit. Presque quotidiennement, quelques rats pas très malins se faisaient attraper par les chiens, et nous devions donc les ramasser le lendemain.

  • L’un des chiens du refuge passait son temps à essayer de s’échapper de sa cage (Job, chien robuste de moyenne/grande taille), et de temps en temps y parvenait par des stratégies toujours plus recherchées, comme réussir à passer par un minuscule espace dans la porte pour sortir (3x avant qu’on ne finisse par comprendre par où il passait), ou encore, en montant sur sa niche, et en faisant un trou dans le grillage au dessus de la cage. Toutes ses tentatives étaient généralement planifiées autour de 6h du matin, nous faisant sortir en pyjama et en courant pour le rattraper. Comme l’autre volontaire n’était pas très rassuré de devoir lui attacher la laisse (en mode lasso car il n’avait pas de collier), je devais à chaque fois m’en occuper. Un matin, alors que la laisse était introuvable, Job s’était à nouveau échappé, accompagné d’un autre chien, Carlos, qui en avait aussi fait son activité favorite, les deux ont commencé à se battre et j’ai donc dû porter Job pour le remettre dans sa cage. Spoil : ça n’a pas marché et à part me prendre un gros coup de griffe sur le ventre, je n’ai malheureusement pas réussi tout de suite à le remettre dans sa cage. En somme, nos débuts de journées étaient souvent animés.

  • Nikos avait recueilli un nouveau chien blessé, le plus petit que nous ayons eu jusqu’alors. Pour le mettre en quarantaine, il l’avait mis dans une partie plus reculée du refuge. Le lendemain de son arrivée, je vais dans sa cage pour la nettoyer, et…celui-ci avait creusé un trou sous la palissade et était sorti de sa cage; puis, avait creusé un autre trou sous le grillage du refuge pour en sortir. Deux jours après, Nikos a été contacté par une personne du village qui l’avait récupéré. Il nous a donc envoyé avec sa voiture récupérer le chien, en nous donnant une indication : “c’est une maison au début du village, écoutez les aboiements”. Après avoir sonné à toutes les maisons du début du village (presque personne ne parlait Anglais), nous nous sommes finalement dirigés vers le seul café de celui-ci, ou tous les « petits vieux » du village étaient rassemblés. Par chance, un néerlandais qui parlait couramment anglais était présent, et nous avons pu lui demander conseil. Après 10 minutes où nous l’entendions avoir de grandes discussions sur le sujet avec les autres personnes de la terrasse, il nous a invité à boire un verre, avant de finalement, nous indiquer de suivre une autre personne qui avait des informations. Cette personne a fini par nous montrer une maison, et, comme personne ne répondait, il nous a fait entrer dans la cour et a essayé d’ouvrir différentes portes, avant que finalement, la dernière ne soit la bonne…avec le chien derrière.

Alexis, le chien

Cette expérience dans ce refuge a été mémorable et pleine de merveilleux souvenirs (et d’anecdotes).

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